Philippe Michel-Kleisbauer

Journal de Marche n°167 – été 2021

Journal de Marche n°167 – été 2021

C’est la rentrée et avec elle le retour du Journal de Marche dans vos boîtes e-mails avec un numéro un peu spécial qui couvre tout l’été. 

Un été qui n’a pas offert de moments de répit à cause d’une crise sanitaire qui n’en finit plus et de ses conséquences, mais aussi à cause d’incendies dramatiques et meurtriers venus impacter un peu plus le moral de nos concitoyens. Le reste de mon activité a comme depuis le début de notre mandat été régalienne avec comme toujours une écoute très attentive des femmes et des hommes qui, sur le territoire métropolitain, ultra-marin ou à l’étranger, œuvrent à mettre en place des solutions assurant notre souveraineté ou en la faisant vivre.

D’abord et le plus important ici est de faire un retour sur la crise et le Pass sanitaire pour rappeler à chacun ma position sur la vaccination obligatoire que vous aviez découvert dès le mois d’avril 2020. Au cours d’une conférence organisée par l’Université133 j’avais enjoint celles et ceux qui ouvraient des procès en intention sur le manque de masques et par conséquent l’absence de décision et d’anticipation, de se prononcer sur une question qui allait nécessairement être devant nous au lieu de souffler sur les braises du passé. Tel que je le disais mot pour mot lors de cette conférence, le problème s’est posé en ces termes au moment où je l’attendais. Ainsi sans surprise les mêmes, toujours les mêmes, ont attendu que le problème s’installe, que des décisions soient prises, afin de les consumer et prôner l’inverse. Cette méthode est désastreuse et démontre bien à qui veut le comprendre que nous nous battons face à des adversaires politiques prêts à tout pour parvenir à leurs fins.

Leurs actions, si par malheur ils y parvenaient, seraient aussi catastrophiques que leurs méthodes. Pendant ce temps-là nous avons continué contre vents et marées en proposant des mesures restrictives de nos libertés en effet mais nécessaires pour juguler le mal.

Dans un même temps, nous avons poursuivi avec une administration formidable l’apport d’une aide considérable pour nos concitoyens et nos entreprises. Dans le département du Var c’est 290 000 salariés qui ont ainsi pu être indemnisés au chômage partiel, 45 000 entreprises qui ont été aidées, plus de 8.000 procédures URSSAF interrompues, pour un montant total de 2,5 milliards. 

Face à une une telle réalité vous comprenez mieux mes réactions dans la presse écrite d’abord puis télévisée et radio ensuite au coeur de l’été contre certains restaurateurs dont certains – les meneurs – avaient manifesté à l’automne devant le fronton de la mairie de Fréjus pour réclamer l’ouverture de leurs établissements pendant le confinement en proposant eux-mêmes, ce n’est pas une blague, le Pass-sanitaire…

Vous noterez ma déception face à un échec qui n’est pas imputable à ces contestataires mais bien à une classe politique qui n’a pas complètement rompu avec les vieilles habitudes. En cohérence avec mes dires et ma ligne politique que celles et ceux qui me suivent attentivement connaissent, j’ai voulu proposer par la voie d’ un amendement que la vaccination soit rendue obligatoire pour les députés, les sénateurs et les membres du conseil économique social et environnemental avant toute autre personne. Malgré l’aide d’une soixantaine de collègues qui ont signé et soutenu mon amendement et mon combat nous n’avons pu obtenir gain de cause. La bataille n’est pas gagnée mais la guerre n’est pas perdue et cet affrontement laissera des traces en ce que beaucoup de personnes auront perdu de mon estime et de ma confiance dans cet épisode.

Ensuite, permettez-moi de revenir sur le front des incendies qui m’a replongé dans les souvenirs de l’été 2003 au cours duquel nous avions subi des pertes humaines très lourdes et plus de 52 000 hectares à la fin d’une saison désastreuse. Directeur de cabinet de la Ville de Fréjus j’avais eu la chance que le maire que je servais, Elie Brun, m’ait accordé une confiance totale dans l’élaboration anticipée de Plans Communaux de Secours et laissé diriger les opérations de secours lors des épisodes qui ont touché notre territoire aux côtés du commandant des opérations de secours. Ironie du sort nous nous retrouvons vingt ans après côte à côte pour revivre un même cauchemar. Celles et ceux qui voudront revenir sur ces épisodes et les méthodes à destination des élus développés du retour d’ expérience pourront lire « affronter les crises majeures » que j’ai écris quelques années après.

Mais ce n’est pas pour ça que je souhaite insister sur ces événements ici mais bien sur la cause au fond qui est la même dans tous les problèmes que rencontre notre société; les comportements. Les comportements insupportables qui chaque jour viennent polluer un peu plus le vivre ensemble des gens respectueux.

Un mégot jeté par une fenêtre de voiture ou tout banalement lors d’une pause cigarette, comme les fumeurs le font au pied des immeubles de bureaux, dans la rue, partout, parce qu’un balayeur – immigré souvent (à ces immigrés qui prennent nos emplois !)- va le ramasser ou s’il échappe à son labeur finira dans une rivière puis dans la mer pour des temps trop longs. Ces mêmes comportements sur la route, dans la rue, au travail, en famille, qui font qu’à un moment un individu casse la convention des règles sociales qui nous unissent dans un esprit commun d’effacement devant un intérêt collectif supérieur et nécessaire au vivre ensemble.

Respect, civisme, responsabilité, sont les concepts que nous devons explorer et élever au rang de priorité si nous ne voulons pas finir en guerre civile.

Guerre civile enfin, qui fait rage en Afghanistan depuis que les États-Unis mettent en œuvre un plan de retrait demandé par Obama en tout début de son premier mandat. 

Ici des individus appelés par eux-mêmes Talibans, profitent à l’origine d’une situation étatique et sociétale chaotique et désordonnée dans laquelle le chacun pour soi est la règle, pour imposer par la force leur tyrannie au nom d’une pratique rigoriste de la religion. Leur totalitarisme est si effrayant que le conseil de sécurité de l’ONU décide il y a un peu plus de vingt ans de donner mandat – à la demande du pouvoir en place – à une force internationale pour intervenir, arrêter les massacres des populations ou des joyaux de l’humanité – souvenez-vous de la destruction de divinités ancestrales; les Bouddhas de Bâmiyân en mars 2001 -. À cette époque, tout le monde craint une métastase de ce régime et soutient l’intervention de la force internationale. La France y participe en premier avec le 21eme régiment d’Infanterie de Marine qui après un transit à Mazâr-e Charîf entre a Kaboul et sécurise l’aéroport, point central de toute l’action depuis lors et jusqu’à l’évacuation de ces jours-ci, au prix de 90 de nos enfants qui y ont laissé leur vie pour la France, pour la paix et la liberté.

Si j’insiste sur cette question douloureuse c’est que là encore j’estime que nous devons nous interroger sur nous même. Parmi tous ceux qui se succèdent sur les plateaux télé pour critiquer les américains – toujours la faute des américains – sur un retrait brutal-soudain alors qu’il avait été annoncé par Obama, combien s’interrogent sur nous. Pourquoi ne sommes-nous pas capables de faire sans les Américains ? Et l’Europe, où est-elle, que fait-elle ?

Ce sujet sera le nôtre en plus du précédent sur les comportements pour qui sera intéressé que nous débattions ensemble sur ces sujets.

Aussi, pardonnez-moi d’ avoir été un peu long en cette rentrée mais ces sujets de fond sur nos comportements et nos politiques d’intention qui ne trouvent pas leur concrétisation sont des sujets si importants à mes yeux qu’il fallait que je m’y attarde un peu.

En espérant que la crise s’effacera et que nous pourrons reprendre le chemin de nos rencontres physiques lors de nos réunions publiques qui me manquent tant le débat en prise directe est riche d’enseignements. 

À toutes et à tous, je souhaite une bonne rentrée.